Préambule

Les cibles du traitement de l’arthrose sont la diminution de la douleur, l’augmentation de la fonction et de la mobilité, la prévention ou la correction des déformations, et surtout de ralentir la progression de la maladie.

Les cibles du traitement de l’arthrose sont la diminution de la douleur, l’augmentation de la fonction et de la mobilité, la prévention ou la correction des déformations, et surtout de ralentir la progression de la maladie. Il existe bon nombre de traitements comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou l’injection intra-articulaire de corticoïdes. En dépit de leur faible coût et de leur accès relativement facile, ces traitements ont des effets systémiques avec des effets indésirables qui sont relativement importants. Il est donc intéressant de penser à un autre type de traitement qui serait susceptible de réparer le cartilage.
Le plasma riche en plaquette est un produit autologue qui provient du propre plasma du patient qui contient des facteurs de croissance, des médiateurs et modulateurs de l’inflammation, une variété de protéines plasmatiques qui contribuent au processus de guérison Fig. 1  (1),  qui vont être relargués lorsqu’ils seront injectés au niveau de l’articulation. Le propre de l’utilisation de ces plaquettes est de stimuler la cascade naturelle de cicatrisation et de réparation des tissus par une libération « supra physiologique » de facteurs de croissance qui vont agir directement sur le lieu du traitement. La PAW classification classe les PRP en fonction de : concentration des plaquettes, présence de globules rouges, présence de leucocytes et méthode d’activation.



 La viscosupplémentation est une autre alternative pour gérer l’arthrose (2). Elle a été approuvée par la Food en Drug Administration (FDA) en 1997, et l’American College of Rheumatology (ACR) l’avait choisi en 2000. L’acide hyaluronique est une molécule de haut poids moléculaire présent dans l’articulation, qui est synthétisée par les synoviocytes, fibroblastes et chondrocytes. Lorsque l’articulation est saine, sa concentration est comprise entre 2 et 4mg/ml et son poids moléculaire est de 6 millions de Dalton. Lorsque l’articulation est arthrosique, il y a une diminution à la fois de la concentration et du poids moléculaire. Bien que le mécanisme exact des suites d’une injection intra-articulaire d’acide hyaluronique ne soit pas encore prouvé, il est clair que cette injection joue un rôle notamment de lubrification au sein de l’articulation et entraînerait la synthèse d’acide hyaluronique endogène.



Les auteurs d’une étude de 2012 (3) rapportent les résultats de 120 patients séparés en 2 groupes qui ont reçu 4 injections à 1 semaine d’intervalle, soit de PRP, soit d’acide hyaluronique. Les résultats montrent une amélioration significative dans le groupe de PRP au niveau du score du WOMAC à 12 et 24 semaines. Il y a également une amélioration significative pour les gonarthrose de stade III Kellgren-Lawrence qui ont été traités avec le PRP aussi bien à 12 qu’à 24 semaines. Ces améliorations indiquent que les injections de PRP entraînent une amélioration plus importante que les injections d’acide hyaluronique.


Dans une étude récente de 2015 (4) (non placébo, randomisée), 160 patients atteints d’arthrose de grade I à IV de Kellgren-Lawrence ont été pris en charge. Le premier groupe (87)  a été injecté avec du PRP par 2 injections à un mois d’intervalle. Le deuxième groupe (73) a reçu 3 injections d’acide hyaluronique (Hyalgan), à 1 semaine d’intervalle. Les résultats montrent qu’après 1 an, la diminution de la douleur et l’amélioration de la mobilité ont été améliorées dans les 2 groupes. Cependant, les meilleurs résultats ont été retrouvés dans le groupe PRP par rapport au groupe acide hyaluronique de façon significative. De plus, seul certain paramètre du WOMAC et du SF-36 ont été augmentés dans le groupe PRP. La conclusion de cette étude indique que les injections de PRP sont plus efficaces que les injections d’acide hyaluronique, notamment par une réduction des symptômes et une amélioration de la qualité de vie et représente une option thérapeutique pour les patients atteints d’une arthrose du genou qui ne répondent pas aux traitements conventionnels.


Des auteurs ont effectué une revue de la littérature en 2015 (5) sur des études de niveau I qui reprennent des traitements pour l’arthrose du genou avec des injections intra-articulaires de PRP comparées à d’autre options comme l’injection d’acide hyaluronique ou l’injection de corticoïde avec un minimum de 6 mois de suivi.


6 articles ont été analysés, ce qui représente 739 patients. Toutes les études, bien que toutes différentes au niveau des critères, indiquent une amélioration de la douleur et de la mobilité avec le PRP. Une étude montre une différence significative entre le PRP et l’acide hyaluronique et le PRP et le placébo, notamment en termes de douleur et de mobilité. Cependant, il existe une différence significative au WOMAC entre le groupe traité par PRP et le groupe traité par l’acide hyaluronique, aussi bien  à 6 qu’à 12 mois. La conclusion indique que l’injection de PRP dans l’arthrose du genou entraîne des résultats significatifs en termes d’amélioration de la douleur et de la mobilité sur 1 an. Les bénéfices cliniques et l’amélioration du score de WOMAC sont significativement meilleurs pour les groupes injectés par PRP que pour les groupes injectés par acide hyaluronique à 6 et 12 mois après les injections.



Gobbi et al. (6) ont étudiés 93 patients dans une étude randomisée prospective sur 2 ans. 55 genoux ont été sélectionnés pour recevoir le premier cycle d’injection qui consistait uniquement à effectuer 3 injections à un mois d’intervalle. Le reste des patients a reçu un deuxième cycle d’injections 1 an après. Le suivi a été effectué avec une évaluation sur échelle visuelle analogique et le score KOOS après la première injection et après 12, 18 et 24 mois. Les résultats montrent une amélioration significative dans tous les scores en comparaison avec le début du traitement. A 1 an, les groupes montrent des résultats similaires. En revanche, à 18 mois il existe une différence significative dans les 2 groupes en faveur des patients qui ont reçu les 2 cycles d’injections. A 2 ans, même si les résultats chutent légèrement, ils restent bien meilleurs dans le groupe qui a reçu 2 cycles d’injections. La conclusion indique que l’injection de PRP dans l’arthrose du genou dans les stades précoce d’arthrose est un traitement adapté. Ce traitement permet une réduction de la douleur et une amélioration de la fonction après 1 an, qui peut être amélioré et maintenu par une répétition annuelle d’injection de PRP.


Conclusion :


L’injection de PRP est un traitement prometteur pour l’arthrose du genou compte tenue des 3 propriétés biologiques connues (1).
Le PRP a un effet anabolique sur les chondrocytes, les synoviocytes et les cellules souches mésenchymateuses, entrainant une augmentation de la prolifération cellulaire, l’accumulation de matériel cartilagineux et la sécrétion d’acide hyaluronique.
Le PRP peut agir comme matériaux permettant de remplir les ulcérations cartilagineuses et stimuler la régénération cartilagineuse.
Enfin, le PRP à la possibilité d’inhiber l’inflammation et de soulager les symptômes de l’arthrose avec une innocuité cliniquement acceptable.
Les différentes études publiées au niveau international montrent une supériorité du  PRP par rapport à l’acide hyaluronique. Cependant, du fait de l’hétérogénéité des études, il serait intéressant pour le futur de caractériser le PRP (nombre de plaquettes, globules rouges…) de faire des recherches avec des groupes contrôles avec des résultats objectifs comme par exemple, un suivi par IRM ou par arthroscopie.


Bibliographie : 


1 - Xueto Xie, Changqing Zhang and Rocky S Tuan
Biology of platelet-rich plasma and its clinical application in cartilage repair.
Arthritis Research and Therapy 2014,16 : 204. 1-15


2 - Chaduteau P.
Acide hyaluronique chez le sportif : ébauche d’un guide de bonne conduite.
J Traumatol Sport (2012).


3 - Cerza F., Carni S., Carangiu A., et Al.
Comparison between Hyaluronic acid and Platelet Rich Plasma, intra-articular infiltration in the treatment of gonarthrosis.
Am J Sports Med. 2012 ; 40 (12) : 2822-7.


4 - Seyed Ahmad Raeissadat, Seyed Mansoor Rayegani, Hossein Hassanabadi, Mohammad Fathi, Elham Ghorbani, Marzieh Babaee and Kamran Azma.
Knee Osteoarthritis Injection Choices: Platelet-Rich Plasma (PRP) Versus Hyaluronic Acid (A one-year randomized clinical trial).
Clinical Medicine Insights: Arthritis and Musculoskeletal Disorders 2015: 8: 1-8.


5- Meheux CJ., McCulloch PC., Lintner DM., Varner KE., Harris JD.
Efficacy of Intra-Articular Platelet-Rich Plasma Injections in knee Osteoarthritis : A Systematic Review.
Arthroscopy 2015.


6 - Gobbi A., Lad D., Karnatzikos G.
The effects of repeated intra-articular PRP injections on clinical outcomes of early osteoarthritis of the knee.
Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc.2015 Aug; 23(8): 2170-7.



 



 



 



 



 


Informations

L'A.R.T.S.S. a été créée par le Docteur Philippe CHADUTEAU le 19 septembre 1994. Cette association est aidée ponctuellement par la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (D.R.J.S.C.S.) pour le suivi des sportifs de haut niveau du Val d’Oise.

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