Préambule

Le plasma riche en plaquettes ou PRP est de plus en plus utilisé pour traiter les pathologies de l’appareil locomoteur et surtout l’arthrose du genou.
Qu’en est il exactement ? vous envisagez de vous faire injecter ou devez le faire, comment savoir si l’injection sera faite dans les règles de l’art avec le bon mélange, la bonne technique…autant de questions dont les réponses se trouvent dans ces recommandations. Ma pratique des injections d’acide hyaluronique (1) (HA) depuis 2002 et du PRP et PRP-HA depuis 2014 m’a permis d’établir des protocoles qui colle parfaitement à ces recommandations, et qui sont adaptés à chaque type de patient.

Rappel : 


L’arthrose du genou entraîne une diminution importante des performances physiques et est considéré comme l’une des dix causes les plus handicapantes dans le monde. Même si il existe des traitements conservateurs comme la perte de poids, l’exercice physique, l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et différents types d’injections, ces différentes mesures ont leurs propres limites.


Les traitements classiques à base d’anti-inflammatoire et d’injection de corticoïdes sont couramment utilisés, même s’ils présentent des effets secondaires, mais n’entraineront pas de réparation à proprement parler sur le cartilage.


Le plasma riche en plaquettes ou PRP est un produit autologue qui provient du propre plasma du patient qui contient des facteurs de croissance, des médiateurs et des modulateurs de l’inflammation, une variété de protéine plasmatique qui contribue au processus de guérison. Il peut également être associé a de l’acide hyaluronique pour un meilleur résultat. Ces injections sont de plus en plus courantes dans le traitement de l’arthrose du genou. De nombreuses études randomisées, avec des cas témoins contrôlés, ont montré l’efficacité de ce type de traitement dans l’arthrose du genou.


Les recommandations :


Un groupe d’expert (2) a établi un consensus de 25 recommandations pour les injections de PRP dans la gonarthrose qui sont considérées comme un traitement efficace pour les arthroses débutantes et moyennes après un échec d’un traitement bien conduit per-os et une physiothérapie adaptée, et pourrait être utilisé également dans les formes sévères de gonarthrose et notamment dans les cas de contre-indication opératoireNeuf items font l’objet d’une forte recommandation et douze items font l’objet d’une recommandation relative. L’ensemble de ces recommandations devrait harmoniser et faciliter l’utilisation des injections intra-articulaire de PRP pour la gonarthrose.


 


1-    L’injection  intra-articulaire de PRP est un traitement efficace pour l’arthrose des genoux débutante et de moyenne importance.


2-    L’injection intra-articulaire de PRP peut être utilisée dans l’arthrose sévère (Kellgren et Lawrence de grade 4).


3-    L’âge, le poids et l’activité physique peuvent influencer l’indication et les résultats de l’injection  intra-articulaire de PRP dans la gonarthrose.


4-    La localisation de l’arthrose influence le résultat d’un traitement par PRP dans la gonarthrose.


5-    Le traitement par PRP devrait être proposé en deuxième traitement après l’échec d’un traitement par voie orale ou un traitement non pharmacologique pour la gonarthrose.


6-    Le traitement par PRP ne devrait pas être utilisé sur  un genou inflammatoire.


7-    Le traitement par PRP pour une gonarthrose peut inclure une à trois injections.


8-    L’injection  intra-articulaire de PRP devrait être faite sous ultrason ou sous radio.


9-    Un épanchement intra-articulaire devrait systématiquement être ponctionné avant une injection de PRP.


10- Après une injection de PRP il est recommandé de mettre le genou au repos pendant 48 heures.


11- Une gonarthrose bilatérale peut être traitée le même jour.


12- Les caractéristiques du PRP injecté influence le résultat dans la gonarthrose.


13- Un PRP pauvre en leucocyte devrait être préféré dans la gonarthrose.


14- Le volume de l’injection de PRP dans la gonarthrose devrait être entre 4 et 8 ml.


15- L’efficacité du PRP dans la gonarthrose dépend du nombre de plaquettes injectées.


16- Le PRP ne devrait pas être mélangé avec un anesthésique ou une injection intra-articulaire de corticoïdes.


17- Un traitement par anti-inflammatoire devrait être évité dans les jours qui précèdent et qui suivent le traitement par PRP.


18- Le traitement d’une gonarthrose avec du PRP devrait être fait à distance d’une injection intra-articulaire de corticoïde.


19- Un cancer récent peut être une contre-indication à l’injection de PRP.


20- Les traitements par anticoagulation plaquettaire ne sont pas une contre-indication aux injections de PRP mais peuvent altérer l’efficacité empêchant l’activation des plaquettes.


21- La présence à la radiographie d’une chondrocalcinose n’est pas une contre-indication à l’injection intra-articulaire de PRP.


22- Une prise de sang devrait être obtenue au moins trois mois avant le traitement par PRP.


23- Les injections par PRP devraient suivre la même traçabilité que les autres techniques par injection.


24- L’injection intra-articulaire de PRP dans la gonarthrose est un traitement localement bien toléré.


25- L’injection  intra-articulaire de PRP dans la gonarthrose d’un traitement systémique bien toléré.


 


En pratique: 


 


A la  clinique Ramsay sante Claude Bernard,  j’utilise  un dispositif à usage unique depuis plus de 6 ans qui  me permet  de préparer un mélange de 4 ml de Plasma Riche  en  Plaquette (PRP) avec 2 ml d’acide hyaluronique (HA). L’acide hyaluronique est non réticulé  et obtenu par fermentation (40 mg, 1.5 KDa). Le tube  contient un gel d’acide hyaluronique, un  gel séparateur inerte  en  polyester et un anticoagulant liquide. Après 5 minutes de centrifugation (RCF : 1500g), le sang est fractionné : les globules rouges sont piégés sous le gel, tandis que les éléments cellulaires sont déposés sur la surface de celui-ci, l’acide hyaluronique est positionné au-dessus du plasma (photo 1). En manipulant le tube une vingtaine de fois, on obtient un mélange final homogène PRP + HA  près à être injecté.


En  cas  de gonarthrose,  le protocole  consiste à faire 2  injections de ce mélange de PRP+HA à 15 jours d’intervalle. Une troisième injection peut être pratiquée en fonction de l’évolution clinique. Chaque  injection est suivie d’un repos relatif de 24 à 48 h. Aucune activité physique ne sera pratiquée dans les 15 jours qui suivent l’injection, sauf en ce qui concerne les membres supérieurs. Un protocole de reprise sportive sera mis en place en fonction de l’évolution  clinique, du degré d’usure du cartilage, après avoir effectué une préparation physique spécifique, bien sur adapté à chaque patient. Une visite annuelle sera programmée pour juger de l’intérêt de refaire une injection, d’améliorer la préparation physique et de se mettre dans une périodicité (1, 2 ou 3 ans). Cela permet de continuer ses activités et son sport sans douleur et sans traitement médical.


 


Bibliographie :


1 – Chaduteau P.


Acide hyaluronique chez le sportif : ébauche d’un guide de bonne conduite.


J Traumatol Sport 2012  


 


2 - Florent Eymard, Paul Ornetti, Jérémy Maillet, Eric Noel, Philippe Adam, Virginie Legré-Boyer, Thierry Boyer, Fadoua Allali, Vincent Gremeaux, Jean-François Kaux, Karine Louati, Martin Lamontagne, Fabrice Michel, Pascal Richette, Hervé Bard on behalf of the GRIP (Groupe de Recherche sur les Injections de PRP, PRP Injection Research Group).


 


Intra-articular injections of platelet-rich plasma in symptomatic knee osteoarthritis: a consensus statement from French-speaking experts


 


Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy.


https//doi.org/10.1007/s00167-020-06102-5


 


 


 

Informations

L'A.R.T.S.S. a été créée par le Docteur Philippe CHADUTEAU le 19 septembre 1994. Cette association est aidée ponctuellement par la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (D.R.J.S.C.S.) pour le suivi des sportifs de haut niveau du Val d’Oise.

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