Alex âgé de 25 ans pratique le tennis et le ski nautique au niveau régional. Après un traitement pour tendinite de l’épaule et un repos de 8 jours, il décide de reprendre le ski nautique. Lors de son entraînement à une vitesse de 55 km/h, il chute à la 4ème boule et présente une douleur intense avec impossibilité de se servir de son épaule. Il est adressé immédiatement au service d’urgence le plus proche. Au service des urgences, il est diagnostiqué une luxation antéro-interne de l’épaule qui est réduite dans les premières heures. Il est immobilisé par une bande type DUJARRIER. Devant la persistance de douleur après des séances de rééducation bien conduites, et le désir de reprendre le ski nautique au niveau régional, son médecin l’adresse à un spécialiste.
L’interrogatoire nous apprend qu’il a déjà eu un 1er épisode, au cours duquel il a ressenti une sensation de déboîtement passager, et nous raconte que lorsque le pilote l’a remonté sur le bateau il a entendu un claquement au niveau de son épaule. Les mobilités et les tests musculaires sont normaux. En revanche, l’élévation du bras en rétropulsion rotation externe est douloureuse, avec la présence d’un tiroir antéro-postérieur. La palpation des tendons de la coiffe est sans particularité. Devant la persistance des douleurs et l’instabilité de l’épaule, un arthroscanner est prescrit. Les résultats de l’arthroscanner ne montrent aucune lésion du bourrelet glénoïdien. Après deux épisodes de luxation antéro-interne de l’épaule chez un sportif désireux de reprendre son niveau de compétition, il est licite de pratiquer une intervention chirurgicale. Il est décidé de pratiquer l’intervention de LATARJET. Après six semaines de rééducation, l’épaule est indolore et les mobilités sont normales. Une préparation physique générale précédera la reprise de Ski nautique dans 3 mois.
L’interrogatoire est un temps capital, car il nous permet de connaître les circonstances d’apparition du traumatisme. L’épaule douloureuse instable peut se faire dans les suites d’une luxation gléno-humérale, d’un traumatisme sans luxation avérée ou tout antécédent traumatique. Le motif de la consultation est le plus souvent une douleur avec une gène fonctionnelle de l’épaule. Les douleurs siègent généralement sur la face antérieure de l’épaule mais parfois il s’agit d’une douleur diffuse dans tout le moignon. Toutefois, la douleur et l’impression de « bras mort » peut compromettre la reprise de certain sport à forte composante musculaire (le ski nautique). L’examen de l’épaule est relativement pauvre. Il existe deux manœuvres qui sont spécifiques :
1 – la recherche d’un tiroir antéro-postérieur
La recherche du tiroir s’effectue en se plaçant derrière le sujet qui est légèrement penché en avant les bras parfaitement relâchés. Il s’agit de mobiliser la tête humérale par rapport à la glène.
2 – Le test d’appréhension
Il s’agit d’effectuer une rétropulsion horizontale de l’épaule associée à une rotation externe forcée tout en exerçant une poussée vers l’avant de la tête humérale à l’aide de la main controlatérale. Le test est positif lorsque le patient retrouve une appréhension.
Le bilan d’une épaule douloureuse et instable doit comporter un cliché de face en rotation indifférente, 3 clichés de face en rotation interne progressive et un profil glénoïdien. L’examen est bilatéral et comparatif. Ce bilan permet de mettre en évidence des lésions de la partie postéro-supérieure de la tête humérale et du rebord glénoïdien antéro-inférieur qui rentre en contact lors de l’incident d’instabilité. Les fractures tassement postéro-supérieures de la tête humérale réalisant une véritable encoche, nous permet d’affirmer que le sportif à fait un accident d’instabilité antérieure. Si la clinique oriente vers une lésion du bourrelet et si le rebord glénoïdien antéro-inférieur est normal, il est alors licite de pratiquer un arthroscanner qui nous permettra d’avoir une bonne vue des bourrelets antérieurs et postérieurs.
En l’absence de résultat d’un traitement médical bien conduit, et de la récidive de luxation ou de l’impossibilité de reprendre le sport au niveau antérieur, il est licite de proposer une opération chirurgicale. Sur le plan de la stabilité, il est préférable de réaliser l’intervention de LATARGET. Cette intervention consiste à réaliser une buttée osseuse en avant de la glène. Il est possible d’utiliser soit une greffe simple prélevée sur la crête iliaque, soit plus habituellement l’apophyse coracoïde qui est sectionnée à sa base. Elle est ensuite transposée en avant de la glène et vissée par deux vis. Après l’intervention de LATARGET la rééducation est bien codifiée et la reprise des activités de compétition se fait entre le 4ème et 6ème mois en fonction de la clinique et des tests musculaires (test isocinétique).
BIBLIOGRAPHIE :
Walch G.
Journée lyonnaise de l’épaule.
Mansat P., Mansat M.
Doit on opérer toutes les luxations gléno-humérales antérieures ?
27eme congrès de Médecine physique et de Réadaptation 2012.