La rupture du ligament croisé antérieur est une blessure fréquente en traumatologie du sport. La reconstruction est recommandée pour pouvoir reprendre le sport au niveau antérieur, surtout lorsqu’il s’agit d’un sport à pivot ou pivot-contact.
En France, plus de 40 000 ligamentoplasties sont réalisées tous les ans. L’objectif de cette reconstruction est la restauration d’une bonne fonction du genou pour pouvoir reprendre le sport à pivot ou pivot-contact. Cependant, les dernières études montrent que la reprise sportive n’est pas au niveau auquel nous pourrions penser. Le taux de reprise du sport en compétition est relativement faible avec en moyenne 50 % des opérés qui reprennent le sport au niveau antérieur. Il convient de se poser la question ; pourquoi un taux aussi faible ?
Même si aujourd’hui la technique chirurgicale est relativement précise et permet une reconstruction quasi-parfaite du ligament croisé antérieur, il semble que le problème vienne du suivi global post-opératoire. Une des meilleures façons de pouvoir reprendre le sport au niveau antérieur est d’avoir un véritable accompagnement voire un coaching avec réalisation de sous-objectifs pour que le sportif soit en réussite, ce qui permet de le rassurer. Ce suivi sera effectué par un Médecin du Sport, Traumatologue, rééducateur qui permet avec les différents critères objectifs et subjectifs de permettre un meilleur suivi d’une ligamentoploastie pour une reprise sur le terrain.
L’ACCOMPAGNEMENT EST ESSENTIEL.
Ce suivi est recommandé tous les 15 jours en post opératoire jusqu’à la reprise du travail, ensuite tous les mois de façon à pouvoir contrôler la rééducation en fonction de l’examen clinique et du ressenti du sportif, puis de l’associé à une reprise progressive des activités physiques comme la natation, le vélo, la course et la musculation. Il s’agit d’un véritable contrat qui peut être posé en pré-opératoire avec le sportif de façon à établir le planning de suivi le plus précis possible ce qui permet de rassurer le sportif et d’avoir le plan avec les différents sous-objectifs à atteindre.
L’accompagnement ne peut être stoppé que lorsque le sportif reprend son sport au même niveau, sauf avis contraire, sous peine de l’exposer au risque de douleur, lésion collatérale et re-blessure. Les différents critères qui permettent aux Médecins du Sport de guider tout au long du suivi post-opératoire le sportif sont de plusieurs natures. Dans un premier temps l’examen clinique est capital et permet au praticien de vérifier la mobilité complète, l’extension parfaite, le genou sec, la diminution de la laxité,…
Les tests neuro-musculaires sont très importants et normalement pratiqués chez le kinésithérapeute et peuvent être vérifiés lors de cette consultation. Ils sont importants car ils permettent de redonner à l’articulation une notion complète d’équilibre. Lorsque le genou le permet et en rapport avec la ligamentisation, un test isocinétique peut être effectué de façon à vérifier la récupération de la force des quadriceps et des ischios-jambiers (voir les articles sur la rééducation sur le site).
Des tests fonctionnels lorsque le genou le permet et sur autorisation médicale peuvent être effectués comme le saut unipodal, la longueur triple saut croisé, le temps pour parcourir 6 mètres en saut monopodal, le test d’agilité modifié. Différents scores d’évaluation peuvent être utilisés en sachant que ces scores ne sont qu’une indication mais ne peuvent en aucun cas être utilisés de façon exclusive.
Les facteurs psychologiques sont relativement importants car tout sportif ayant subit une rupture du ligament croisé antérieur se pose de nombreuses questions quant à la reprise. Ce type d’accompagnement avec visite régulière et coaching permet de pallier à ces différents problèmes psychologiques de façon à prouver aux sportifs que les différents objectifs qui ont été imposés sont réalisés facilement et sans aucune contrainte sur le genou. Chaque cas étant particulier, les sportifs seront gérés de façon différente et il n’y aura pas de comparaison entre les sportifs, ni de planning imposé, seul le genou donnera le timing au praticien de façon à pouvoir renseigner le sportif sur les différentes activités physiques et sportives pratiquées ainsi que les activités de rééducation.
Une préparation physique sera mise en place avec des exercices de musculation bien spécifique entre le quadriceps et les ischios-jambiers en fonction du type de ligamentoplastie. De même, l’accompagnement sera effectué pour la réhabilitation sur le terrain avec des consignes particulières et strictes en ce qui concerne l’entraînement et la reprise de la compétition.
Il semble intéressant de mettre en place une prévention à la suite de la reprise du sport de façon à éviter les récidives et de revenir en arrière sur les aptitudes physiques et psychologiques du sportif. Notamment, le maintien d’un niveau de préparation physique général avec musculation et exercices neuromusculaires est très intéressant comme le programme 11+ établis par la FIFA. De plus, le programme d’accompagnement a permis une amélioration de l’hygiène de vie sportive qu’il faudra continuer tout au long de la carrière sportive (hydratation, échauffement, étirements, technique, matériel…). Enfin, cet accompagnement doit aller jusqu’à la reprise du sport pour un meilleur résultat. Aucun sportif ne sera laissé sur la route.
BIBLIOGRAPHIE :
Symposium Société Française de Traumatologie du Sport
Critères de reprise du sport après ligamentoplastie du ligament croisé antérieur.
Journal de traumatologie du sport (2014) 31 : 145,185.