Mr Franck D. âgé de 28 ans pratique le football depuis 20 ans.
Au cours d’un match, il ressent une douleur au niveau des adducteurs, apparue progressivement. Il consulte son médecin qui lui prescrit des anti-inflammatoires non stéroïdien et de la pommade pour une tendinite des adducteurs. Après 8 jours de repos, la douleur a disparu et il reprend l’entraînement. Mais, au cours d’un match difficile la douleur réapparaît. Le bilan radiographique prescrit est négatif (radiographie du bassin de face en charge). Un nouveau traitement est prescrit, avec un repos de 15 jours. Mr reprend l’entraînement, mais la douleur persiste. Son médecin l’adresse à un spécialiste.
L’interrogatoire nous apprend que Mr Franck n’a jamais souffert du carrefour pubien. La douleur s’est installée progressivement depuis 3 mois, et irradie vers les adducteurs mais également vers les abdominaux. Le testing musculaire des adducteurs et des abdominaux est positif. La palpation des orifices inguinaux est sans particularité. En revanche, la palpation de la symphyse pubienne est douloureuse. Dans ce contexte clinique compliqué, une IRM est prescrite pour connaître exactement le diagnostic étiologique et le bilan lésionnel. Les résultats sont sans équivoques montrant une arthropathie pubienne.
Le repos est instauré immédiatement pour une durée de 3 mois avec un traitement corticoïde en cure courte sur 8 jours. La rééducation sera débutée en l’absence de douleur, afin de rééquilibrer le carrefour pubien. La réadaptation sur le terrain sera progressive et les matchs ne seront repris qu’après une période de 1 mois d’entraînement.
La pubalgie est une entité complexe à bien connaître, car les traitements seront différents. En effet, le syndrome douloureux de la région pubienne peut être classé en 3 rubriques :
La tendinite des adducteurs
L’arthropathie pubienne
La pathologie pariétale
Le sportif se présentera au cabinet avec un cortège de douleurs dont il est difficile d’individualiser la cause.
Toutefois pour l’arthropathie pubienne, la douleur siège au début au niveau inguinal et il existe des douleurs abdominales basses. Ces douleurs apparaissent progressivement lors de changement de direction, accélération, sauts… puis de plus en plus précocement au cours de l’effort. Le repos n’est plus efficace.
L’examen est délicat, il montre une douleur à la contraction contre résistance des adducteurs et des abdominaux. La palpation de la symphyse pubienne est douloureuse. A ce stade, il n’est pas toujours aisé de faire un diagnostic étiologique précis. A la phase d’état, la symphyse est très douloureuse et on peut même percevoir un crissement à son niveau. La montée des escaliers et la marche en terrain irrégulier sont extrêmement douloureuses. Une boiterie peut s’installer.
Le bilan radiographique est systématique avec un cliché de face du bassin et un cliché centré sur la symphyse pubienne en station bipodale et unipodale. Toutefois, la concordance radioclinique n’est pas toujours évidente. Les signes radiographiques pouvant mettre plusieurs mois à apparaître. L’examen de référence semble être l’IRM quand se pose le problème du diagnostic étiologique, afin de mettre en place le plus rapidement possible un traitement adapté.
Le traitement sera basé sur le repos pendant une période de 1 à 3 mois. Des facteurs favorisants seront recherchés tel que : une antéversion du bassin, une hyperlordose lombaire, une inégalité des membres inférieurs, une dysplasie de hanche.
Dans la phase de début, un traitement par anti-inflammatoire non stéroïdien peut être prescrit. Cependant, une cure courte de corticoïde pendant 8 jours semble plus efficace.
Des séances de mésothérapie peuvent être pratiquées par un médecin connaissant parfaitement la technique. Elles entraînent une nette diminution de la symptomatologie, au stade de début sur les points d’insertion et au pourtour de la symphyse.
Après la phase douloureuse, une rééducation sera débutée afin de rétablir l’équilibre entre les adducteurs souvent hypertrophiques et raides, et les abdominaux souvent faibles (obliques). Un rééquilibrage du bassin peut être nécessaire (ostéopathie).
Enfin, une phase de réadaptation sur le terrain suivra, avec un allégement du calendrier des compétitions.
BIBLIOGRAPHIE :
Ghebontni L., Roger B. et al. 1996 Pubalgie du sportif : intérêt de l’IRM dans le démembrement des lésions.
J. Traumatol. Sport, 13, 86-93. Rodineau J., Simon L. 1987 Micro-traumatologie du sport. Masson Ed.