Préambule

Les arrachements osseux du bassin concernent les jeunes sportifs âgés de 14 à 25 ans. En effet, les noyaux apophysaires secondaires se soudent tardivement et présentent une zone de faiblesse.

LE CAS CLINIQUE


M. Cédric R. âgé de 15 ans, pratique le basket. Au cours d’une séance de sport, il ressent une violente douleur inguinale…


La douleur se situe plus précisément au niveau de la partie haute du pli inguinal. Inquiet car il craint de ne pouvoir continuer à jouer au basket, il consulte son médecin traitant qui pose le diagnostic de claquage musculaire. Il prend des AINS per os, et s’applique de la pommade 2 fois par jour pendant une semaine. Devant la persistance des douleurs, son médecin lui conseille de consulter un spécialiste.


L’interrogatoire nous apprend que cette douleur est apparue brutalement en pratiquant un sprint sur 50m. L’impotence fonctionnelle a été totale, et Cédric ne pouvait reprendre la marche. A l’examen clinique une semaine après le traumatisme, il existe une boiterie, avec une attitude en flessum de hanche et de genou. La mobilisation de la hanche est douloureuse dans les amplitudes extrêmes. Il existe un léger empâtement à la partie haute du pli inguinal en regard de l’épine iliaque antéro-supérieure. Le testing musculaire du couturier est douloureux. L’ensemble de l’examen nous oriente vers un arrachement de l’épine iliaque antéro- supérieure (EIAS), et un bilan radiologique est prescrit. Le cliché centré sur l’EIAS nous montre la nette séparation du noyau apophysaire de sa base. Le traitement est basé sur le repos pendant 4 semaines, en position de détente du tendon. L’activité physique a été reprise au bout de 8 semaines du fait de la négativité des tests isométriques, et la compétition au troisième mois.


 


1 – LES SYMPTÔMES


Les arrachements osseux du bassin concernent les jeunes sportifs âgés de 14 à 25 ans. En effet, les noyaux apophysaires secondaires se soudent tardivement et présentent une zone de faiblesse. Donc, lors d’un effort violent, la plasticité et la puissance des tissus tendineux et musculaires entraîneront un arrachement de l’apophyse. Aussi, le diagnostic de déchirure musculaire chez un jeune sportif de moins de 18 ans doit être porté avec prudence. Le mécanisme en jeu est toujours un asynchronisme entre la contraction brutale des muscles agonistes et la décontraction indispensable des muscles antagonistes qui sont étirés. La clinique sera différente suivant l’apophyse atteinte. L’arrachement des épines iliaques antérieures (EIAI, EIAS) est de loin le plus fréquent. La douleur est très intense avec une impotence fonctionnelle totale. Le sportif ne peut reprendre la marche, et il se présente avec un flessum antalgique de hanche. Au bout de quelques jours il peut reprendre la marche avec une boiterie, et les tests isométriques établissent le diagnostic. Le testing du couturier s’effectue en faisant monter le talon le long de la crête tibiale de la jambe opposée. Pour le Tenseur du Fascia-Lata (TFL), il faut effectuer un mouvement combiné d’abduction-flexion-rotation interne. Ces 2 muscles s’insèrent sur L’EIAS.


 


2 – LE BILAN RADIOGRAPHIQUE


Il comporte un bassin de face, ainsi que des clichés centrés sur l’apophyse. Il confirme le diagnostic, en montrant un arrachement en coup d’ongle ou le plus souvent la séparation du noyau de sa base dont le déplacement est généralement de 2 à 8 mm (mesuré de façon précise sur le cliché de 3/4). La consolidation radiologique ne survient qu’après la guérison clinique.


 


3 – LE TRAITEMENT


Il s’agit d’un repos de 4 semaines avec quelques jours strict au lit en décubitus dorsal hanche fléchie. Après 5 à 8 jours, la marche peut être reprise sous couvert de cannes anglaises. La reprise d’une activité physique ne sera possible que lorsque les tests isométriques seront entièrement négatifs (en contraction et en étirement). La compétition sera autorisée après le troisième mois. L’indication chirurgicale est exceptionnelle et peut se discuter en cas d’arrachement volumineux très déplacé. Les tendinites post traumatiques sur l’insertion peuvent gêner la reprise du sport et nécessiteront un traitement médical (mésothérapie). La complication principale est la survenue d’un ostéome colonisant l’hématome post traumatique, le plus souvent lié au massage local qui doit être interdit. Le traitement chirurgical de l’ostéome ne peut être envisagé qu’après refroidissement complet (1 an).


 


 


BIBLIOGRAPHIE :


- Courroy J.B. 1987.Arrachements du bassin. Microtraumatologie du sport. Masson Ed.


– Danowski R. 1991.Les arrachements osseux du bassin. Traumatologie du sport. Masson Ed, 5ème édition.

Informations

L'A.R.T.S.S. a été créée par le Docteur Philippe CHADUTEAU le 19 septembre 1994. Cette association est aidée ponctuellement par la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (D.R.J.S.C.S.) pour le suivi des sportifs de haut niveau du Val d’Oise.

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